lundi 26 avril 2021

La librairie nomade s installe sur le bassin de Thau.


 

« Un bref instant de splendeur » d’Océan Vuong : Le pouvoir des mots


 Cette semaine, pendant que notre ministre de la culture croisait les doigts pour espérer une sortie de crise sanitaire rapide, les librairies sont devenues des commerces essentiels. 

Cette semaine, aussi, deux auteurs essentiels nous ont quittés : Joseph Ponthus, auteur du fabuleux « A la ligne » et Philippe Jaccottet, écrivain et illustre poète. Je ne me sentais pas légitime pour écrire un hommage à ces deux pointures, j’ai trouvé mieux : un trait d’union. Un récit authentique. Un petit roman qui a la poésie de Jaccottet et les fulgurances de Ponthus :

« Si la vie d’un individu, comparée à l’histoire de notre planète, est infiniment courte, un battement de cils, comme on dit, alors être magnifique, même du jour de votre naissance au jour de votre mort, c’est ne connaître qu’un bref instant de splendeur. »

Océan Vuong écrit une longue lettre à sa mère. Une lettre qu’elle ne lira sans doute jamais. De la guerre du Vietnam à l’enfance Américaine, de ses premiers souvenirs de petit garçon où la violence maternelle était protégée par les bras d’une grand-mère abimée par la guerre, de ses premiers émois amoureux racontés crûment, dans une Amérique ravagée par les traitements antidouleurs, Océan Vuong arrive à sortir de tout ça la substantifique moelle qui fait de son récit une merveilleuse leçon de vie. Ses confessions se lisent comme on écoute un murmure. C’est un moment unique où le temps est suspendu. 




« L’ami » de Tiffany Tavernier : Une trahison destructrice


 Qui n’a jamais sympathisé avec ses voisins, bu un verre autour d’un petit barbecue, prêté quelques outils tranchants ou donné le petit coup de main pour creuser un trou dans le jardin ?

Et quand un matin, en sortant de chez soi, on croise le GIGN prêt à donner l’assaut, justement, chez nos nouveaux amis… Comment dire ? Tout bascule. Tout s’effondre.

Petit bijou noir à lire de toute urgence !


« L’eau rouge » de Jurica Pavicic aux éditions Agullo : Une plongée dans l’Histoire


 Septembre 1989 en Dalmatie, une jeune fille de 17 ans disparait après une fête des pêcheurs. Une enquête est rapidement menée par Gorki Sain, sous la pression de sa famille. Jusqu’ici rien de plus que le début d’un roman policier classique …Mais nous sommes en 1989, en Croatie et l’auteur va nous raconter avec minutie la chute économique, sociale et politique de son pays.

Comment après la mort de Tito en 1980, la guerre des Balkans va assommer la république fédérative socialiste de Yougoslavie et devenir un des conflits le plus meurtriers en Europe depuis la seconde guerre mondiale.

L’inspecteur Gorki Sain sera notre guide, pour une intrigue policière hors du commun. Jurica Pavicic nous offre l’équilibre subtil d’un récit entre l’Histoire avec un grand H et la détresse d’une famille, qui, un soir de fête va exploser. 

Les éditions Agullo, dénicheurs de talents, vous attendent dans toutes les bonnes librairies indépendantes !

« Indésirable » d’Erwan Larher chez Quidam éditeur : Corps étranger


 Cette semaine, je vous propose un petit ovni dans le monde littéraire : Erwan Larher a décidé de jouer avec notre cerveau. Dans un langage épicène, la syntaxe, la grammaire et la typographie de ce roman vont bousculer nos codes de lecture jusqu’à apprivoiser notre cerveau et transformer le IL ou le ELLE en IEL … Vous me suivez ? 

Sam débarque dans un petit village pour acheter et rénover « la maison du disparu ». Ni le maire, ni l’agent immobilier, ni Victor le candidat de l’émission « L’amour est dans le pré » n’arrivent à définir qui est Sam : un homme ? une femme ? Dans ce petit village où les rumeurs courent plus vite que tout, on lae surnomme « l’escargot » … Le bar « Le Chrystal » est le lieu de rendez-vous de tous ces protagonistes. La peur de l’étranger, le besoin de savoir ce que vit l’autre, le manque de pudeur sur l’intimité de chacun , chacunes : le bonheur d’être l’étranger de quelqu’un !

Dans ce roman parfois burlesque, Erwan Larher aborde tous les sujets marquants de notre société moderne : le genre, les violences faites aux femmes, l’écologie, le patriarcat, la corruption politique, .

Cette satire sociale bouscule les codes, nous fait réfléchir. Construis comme un bon polar, Erwan Larher réussit avec tact et intelligence à faire passer des messages. 

Oui, la différence fait peur ! Non, nous ne sommes pas encore prêts pour le vivre ensemble sans concession. La bêtise humaine est surlignée de telle façon, qu’il serait judicieux de mettre ce roman dans le plus de mains possible afin d’essayer de changer nos modes de fonctionnement. Laissez-moi rêver ! 


Effacer les hommes » de Jean-Christophe Tixier aux éditions Albin Michel : Eloge de la lenteur


 Pour ce rendez-vous dominical, je vais vous présenter une chronique sociale dans l’air du temps où trois femmes se battent pour atteindre une liberté salvatrice.

Tout d’abord, il y a ce lac artificiel, qui surplombe le barrage et qu’on doit vider … Ce sera le métronome du roman. Jean-Christophe Tixier veut nous réconcilier avec la lenteur et son récit se fera à la mesure de l’écoulement de cette eau.

Victoire, une veuve cinquantenaire, propriétaire d’une auberge, est en train de s’éteindre tout doucement, vaincue par la maladie. Eve, sa jeune nièce de 20 ans, sait que les jours à venir peuvent changer son avenir, même si son frère Ange est à ses côtés. Et il y a sœur Marie dit Gloutonna, la belle fille de Victoire, boulimique, haineuse envers sa belle-mère, elle ne pardonne rien.

Qui succédera à Victoire à la tête de l’auberge ?

Quels secrets se cachent derrière les silences ?

Ces trois destins de femmes vont balayer l’époque des premiers congés payés en 1936 jusqu’à l’année 1965 (année où les femmes mariées sont autorisées à signer un contrat de travail ou ouvrir un compte bancaire sans l’accord de leur mari…). Lentement, au rythme de la nature, l’auteur va dérouler le fil de son histoire, et le destin de ces femmes va nous questionner. Peut-on tout se permettre au nom d’une liberté désirée ?

C’est un livre parfait pour ce troisième confinement ! Le voyage que nous propose Jean-Christophe Tixier est un huis-clos oppressant mais il n’a de cesse de nous rappeler le chemin parcouru par les femmes pour accéder à une pseudo-égalité.

« Résine » d’Ane Riel aux éditions Seuil : Capharnaüm


 La famille Haarder vit sur une petite presqu’île, loin de la vie moderne et trépidante des villes. Jens, le père a une passion infinie pour la nature et surtout pour les arbres. Passion qu’il transmet à sa fille, Liv . La complicité du père et de la petite fille est parfaite. Il lui apprend tout, jusqu’à prélever la résine des arbres, véritable élixir pour lui.

C’est Liv qui va nous raconter leur histoire. Cette petite fille va nous expliquer comment sa mère va s’effacer doucement et surtout comment son père va complètement basculer … Atteint de syllogomanie, il va entrainer sa famille dans un voyage absurde et pervers. La puissance des sentiments de Liv pour son père va lui faire perdre tout espoir de rester dans la norme …

Ane Riel signe un roman puissant sur la manipulation. Peut-on par amour pour sa famille commettre l’irréparable ? Ce conte sépulcral est absolument envoûtant !

« L’inconnu de la poste » de Florence Aubenas aux éditions de l’Olivier : Fait divers


 Dans les journaux, sur internet, à la télévision, nous sommes souvent confrontés à la rubrique des faits divers. Du vol de bicyclette au meurtre sordide, nous sommes témoins de l’agitation morbide de notre société.

Florence Aubenas, grand reporter, avec un talent évident, va nous conter une affaire qui date de 2008 : l’assassinat d’une postière dans un petit village de l’Ain : Montréal la cluse. Elle va nous apprendre rapidement qu’un acteur français est soupçonné, mais avant tout, elle enquête, elle affine ses recherches, elle plante le décor.

Avec humanité, elle décrit l’ambiance sociale, politique de cette période, dans cette région industrialisée. Elle écrit le roman d’une ville, d’une vie. Sous sa plume, ce n’est pas un simple cold case, c’est presque un polaroïd de notre société. Elle magnifie ses personnages, tant et si bien qu’on oublie (presque…) que tout ce qu’elle nous raconte, n’est que la triste réalité : Il y a eu un meurtre atroce et l’accusé n’est pas forcément celui qu’on croit, surtout si ce dernier disparait mystérieusement le jour de sa convocation au palais de justice.

« Les femmes n’ont pas d’histoire » de Amy Jo Burns aux éditions Sonatine : Femmes puissantes


 « T’as pas envie d’être la femme de quelqu’un ? Etre la femme de quelqu’un , c’est la même chose qu’être la propriété de quelqu’un. »

Pour un premier roman, Amy Jo burns dévoile très rapidement ses talents de conteuse. Dans la région des appalaches, la vie est austère. Yvy et Ruby ne rêvent que d’une chose : Partir. L’une pour fuir un père violent et alcoolique, l’autre pour fuir un destin tout tracé. Les deux pour fuir une misère sociale évidente. Leur amitié va être le socle de cette histoire.

Les choix qu’elles vont prendre, ensemble, vont avoir une répercussion sur leur avenir commun, leur famille, leurs amours, et surtout leurs enfants. Cette amitié va les mener à l’impossible. Une quête d’émancipation racontée à plusieurs voix. L’écriture poétique n’enlève rien à la noirceur du récit.

Le destin de ces femmes va vous bouleverser. Elles vont se battre contre une société gangrénée par l’alcool, la religion et la toute puissance de l’homme. Elles vont se battre pour que l’une d’entre elle jouisse enfin d’une liberté promise. 

Disponible dans toutes les bonnes librairies indépendantes !!!

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